Pour une commune bienveillante

Sensibiliser le public aux discriminations liées au genre, à la couleur de peau, à la sexualité, au handicap est une vaste mission qui dépasse largement les compétences communales. Pourtant, en Belgique, c’est à la commune qu’il revient, par exemple, de prêter une attention particulière à l’égalité des genres et de la promouvoir. A Watermael-Boitsfort, plusieurs initiatives sont ainsi prises dans ce domaine et s’élargissent ensuite à toutes les formes de discriminations.

Au sein de l’administration communale, la diversité et l’égalité des chances sont deux préoccupations bien présentes. Différentes initiatives sont donc prises relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes ; pour sensibiliser le public face aux violences de genre, aux discriminations à l’égard des personnes LGBTQI+, au racisme et pour veiller à l’inclusion des personnes en situation de handicap. Formation du personnel, campagnes de sensibilisation intra et extra-muros, actions diverses via la maison des jeunes, les maisons de quartier, les initiatives sportives inclusives et les chèques sports, le Cefas (Cellule de prévention des conflits et violences intrafamiliales ou interpersonnelles) le centre culturel, les écoles… L’idée est de créer une société mixte, inclusive et bienveillante.

Des actions multiples

Un groupe diversité, composé de différents membres du personnel se réunit plusieurs fois par an pour étudier, proposer et améliorer tout ce qui a trait à la diversité dans notre travail au quotidien : égalité des chances, des sexes, des origines, inclusion des personnes handicapées…. Il travaille actuellement à la rédaction d’un nouveau plan d’actions.

“Au sein de l'administration de Watermael-Boitsfort le recrutement est effectué sur base des compétences et des qualités humaines indépendamment de l'âge, du genre, de l'orientation sexuelle, de l'origine ou du handicap”. Cette phrase conclut chaque offre d’emploi émanant de l’administration communale.

Sur l’ensemble du personnel, on compte 58% de femmes ; sur les 11 membres du  comité de direction, 6 sont des femmes et, au collège, il y a une parité. Actuellement, les services publics doivent atteindre le quota de 3% de mise à l'emploi de personnes handicapées (Arrêté royal du 6 octobre 2005). A Watermael-Boitsfort, nous sommes à 2,51%, avec un pourcentage qui monte à 4% dans certains niveaux.  

Depuis plusieurs années déjà, la Commune participe à la campagne All Genders Welcome, un projet de sensibilisation mené par la RainbowHouse auprès des organismes publics de la Région Bruxelles-Capitale et qui consiste à créer des images inclusives pour une campagne graphique et une série de formations sur les thématiques LGBTQI+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuel-le-s, Trans*, Queer, Intersexes, etc.) pour les membres de leur personnel. Ceci pour rappeler que « tous les couples et toutes les familles sont les bienvenues, que chaque individu est libre de vivre ses identités de genres en totale liberté, que l’espace public appartient à tous-tes les habitant-e-s de Bruxelles !».

Le service de Prévention et de Cohésion Sociale vise à préserver ou à améliorer les conditions et la qualité de vie des habitants de Watermael-Boitsfort,  à contribuer à un vivre ensemble harmonieux et à  lutter contre l'exclusion sociale. Il est un relais des préoccupations et des besoins des citoyens vers les autorités politiques locales et les services d’aide et d’accompagnement. Il organise de nombreuses activités dans les maisons de quartier ou en dehors, bien souvent en collaboration avec d’autres acteurs locaux (centre culturel, maison des jeunes, bibliothèques...) pour favoriser la cohésion sociale. La diversité culturelle de la commune est une richesse à partager et à découvrir. Le service propose également des espaces de rencontres entre habitants (Moments de femmes, Café-papote). Des lieux où échanger autour de préoccupations telles que l'arrivée dans la commune, les ressources du quartier, le logement, les enfants, la santé…

Se rencontrer, entrer en dialogue, s’aider, s’ouvrir à l’autre… des étapes souvent bien utiles pour une connaissance mutuelle et une ouverture à l’humain.

Toujours au service de Prévention et de Cohésion sociale, le Cefas une équipe de thérapeutes accueille les familles ou les couples dans des situations de conflits et/ou violences intrafamiliales. Notons encore l’initiative « Masque 19 », un code pour signaler un cas de violence conjugale à son pharmacien (plus d’infos sur notre site web).

Égalité Homme/Femme : une juste représentation

Focus sur un des domaines de travail en égalité des chances : la lutte pour l’égalité des genres.

« Pour que les femmes soient respectées, crues, valorisées, il faut, avant tout, œuvrer à ce qu’elles soient vues et entendues », explique la journaliste Lauren Bastide dans son livre Présentes . « Ce constat peut sembler simpliste, mais pour y aboutir, il faut commencer par faire quelque chose que personne ne fait jamais spontanément : compter.»

Les chiffres de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes nous apprennent que sur les 19 bourgmestres à Bruxelles, on compte une femme (et deux faisant fonction). Les échevines en 2018 : sont 72/175 soit 41,14%. Au gouvernement bruxellois, il y a 3 femmes sur huit membres.

D’autres chiffres interpellent également : par exemple, les femmes ne représentent sur une journée de prise de parole médiatique que 24% du temps occupé ! Ou encore : 6% des rues bruxelloises portent des noms de femmes. Deux à Watermael-Boitsfort.

Et si la parité existe à Watermael-Boitsfort au sein du collège des bourgmestre et échevin, en règle générale et dans la société en général, les femmes restent sous représentées au poste de décisions politiques et économiques :

  • Une femme gagne en moyenne 10% de moins par heure que son homologue masculin ; 
  • Plus la concentration du nombre de femmes  est importante dans une catégorie professionnelle donnée, plus les salaires de l’ensemble des travailleurs dans cette catégorie sont faibles ;
  • Près de la moitié (45%) des salariées féminines travaillent à temps partiel, contre moins d’1 salarié masculin sur 10 ;
  • Près de 75% des congés parentaux sont pris par les femmes ;
  • Les femmes ayant des enfants affichent un taux d'emploi plus faible que les femmes sans enfant alors que cette tendance s'inverse chez les hommes.

Pourtant, on ne peut qu’être d’accord avec Lauren Bastide quand elle affirme qu’ « il ne peut pas y avoir de société juste si les représentations  collectives se construisent en oubliant la moitié de l’humanité ». Un constat que l’on se doit d’élargir à toutes les « minorités », quelles qu’elles soient.

Un espace public pour tous

Les chiffres du dernier Moniteur de sécurité (besafe.be) révèlent que les femmes se sentent beaucoup moins en sécurité que les hommes dans l'espace public. Par exemple, elles évitent les lieux éloignés ou les endroits où il y a beaucoup de monde. L'utilisation de l'espace public est déterminée par des codes sexuels ou des normes de genre. Ainsi, les femmes et les hommes se déplacent différemment en ville. Selon Guy Di Méo, géographe, les hommes ont tendance à envisager la ville comme un territoire, les femmes, elles, pensent la rue comme un lieu de transit, un espace où l’on se déplace d’un point A à un point B, souvent proches de leur lieu de résidence….

A Watermael-Boitsfort, rendre la ville plus inclusive aux femmes est une priorité. En incluant,  par exemple, des clauses « Women and child friendly » dans les marchés publics. C’est aussi élargir les trottoirs, revoir l’éclairage, améliorer les espaces de rencontres, étudier les plaines de jeux différemment, avec des espaces mixtes…  L’intégration de la dimension du genre dans les décisions relatives à la construction, à la planification et à l’organisation de la commune peut contribuer à en faire un lieu attractif, égalitaire et accessible à tous.

Violences contre les femmes et féminicide

Dans notre pays, il n'existe pas encore de recensement officiel des violences faites aux femmes, une obligation de la Convention d'Istanbul, un traité international dont le but est "de protéger les femmes contre toutes les formes de violence, et de prévenir, poursuivre et éliminer la violence à l’égard des femmes et la violence domestique".
Avec la crise sanitaire, ces violences ont cependant fortement augmenté comme l’ont démontré les nombreux appels de détresse des victimes. Ce phénomène existe dans toutes les classes sociales, tranches d’âges… comme en atteste la libération de la parole suite au mouvement « #Meetoo ».
Pour 2020, le mouvement « Stop féminicide Belgium » a recensé en Belgique au moins 24 féminicides (meurtre d’une femme en raison de son genre)  ainsi qu'au moins 1 enfant assassiné. En 2021, les chiffres s’accroissent malheureusement. En général, un tiers d’entre elles ont eu un contact avec les  forces de l’ordre (elles les ont alertées) avant le drame ! D’où toute l’importance d’un travail en amont et continu.

La ville pourrait mieux accueillir les femmes : 81% des femmes y ont subi un harcèlement de rue durant leur vie ; 100% d’entre elles ont été harcelées ou agressées sexuellement dans le métro (chiffres français). Un phénomène que l’on dénonce maintenant mais qui a été longtemps occulté.
Autres chiffres interpellant : 91% des viols sont commis par quelqu’un qu’on connait et dans 47% des cas, ils sont commis par des conjoints ou des ex-conjoints.
Dans ce domaine aussi, tout est lié : ainsi, les personnes transgenres sont régulièrement victimes d’agressions dans l’espace public. (85% des personnes transgenres au cours de leur vie). Une intolérance, ancrée dans les esprits, pour tout corps (physique/apparence /physionomie)  sortant de la norme !

Penser aux femmes, c’est penser aussi à toutes les personnes persécutées et discriminées. Tout est lié. « Les oppressions s’entrecroisent avec le sexisme : racisme mais aussi homophobie, transphobie, grossophobie ou validisme (les discriminations qui s’exercent contre les personnes handicapées) », conclut Lauren Bastide.

Ce qui avance dans un des domaines vers plus d’égalité fait bouger les lignes de l’acceptation de la diversité et de l’égalité de toutes et tous dans les autres domaines de la vie, et participe donc à un meilleur vivre ensemble, à Watermael-Boitsfort et ailleurs.