Charles Quint
Charles-Quint (règne 1515-1555) donne à la maison de chasse un lustre nouveau. Ce prince suit avec passion les chasses qui se donnent dans la forêt de Soignes. Sous son règne, la forêt de Soignes devient le théâtre indiqué et presque exclusif des plus belles fêtes ducales. A maintes reprises, il s'enferme dans un des couvents de la forêt pour y prier. L'abbaye de Groenendael est celle qu'il choisira désormais pour y faire ses dévotions, il y a même sa cellule.
Mais l'empereur ne sépare pas les plaisirs de la chasse de ses devoirs religieux et la cour prend l'habitude de se transporter toute entière dans la forêt les jours où y va le souverain. Jamais les avenues n'ont vu équipages plus somptueux, cortèges plus prestigieux. Le fameux endroit où, dès son enfance, l'empereur va chasser se trouve exactement à l'entrée de Watermael. La fête que Charles donne en 1556 dans la forêt est exceptionnelle et dépasse tout ce qu'on peut imaginer : sept souverains participent à une chasse où l'on tue le gibier en quantités considérables. S'il faut en croire les chroniqueurs de ce temps, c'était un cortège de 12.000 cavaliers.
La période qui suit l'abdication de Charles-Quint est fatale pour la maison des veneurs. Désertée pendant les premières années du règne de Philippe II (1555-1598), elle tombe en ruines. Mais le duc d'Albe (1567-1573), amateur de chasse, fait reconstruire le château en 1570. Absorbé par la guerre civile, ses successeurs ne peuvent s'occuper d'entretenir la demeure, qui est pillée et même incendiée en 1584.
Aussi l'avènement d'Albert et Isabelle (1598-1633), faut-il un effort considérable pour reconstituer les services de chasse. Sous ces princes, le château est reconstruit et réaménagé. La réputation du pavillon royal faillit attirer en 1604 un sort désastreux. En cette année, un gros de cavalerie hollandaise réussit à passer entre Louvain et Malines. Remontant la Woluwe, dans l'espoir d'arriver à Boitsfort pour y piller la résidence des souverains, l'ennemi se trompe : en sortant d'Auderghem il suit la vallée du Watermaalbeek et arrive ainsi au pied de l'église de Watermael.
Les Hollandais constatent leur méprise, incendient l'antique temple et les fermes voisines, se portent à toute bride sur Ixelles et Etterbeek et y mettent également le feu aux églises, etc. Ils se retirent chargés des dépouilles et des villageois. Albert et Isabelle songent aussi aux nécessités du culte : en 1607, ils ordonnent que désormais une messe quotidienne sera célébrée à Boitsfort par un religieux de l'abbaye de Coudenberg. Pendant quelques années l'activité imprimée à la maison de chasse réussit à se maintenir.
Le Cardinal -Infant Ferdinand -sous Philippe IV - et ses successeurs continuent à porter intérêt à la vénerie. De l'étranger on envoie à Boitsfort des jeunes gens pour y être initiés au sport le plus recherchés par les princes. Par contre, des Fauconniers et des Veneurs (e.a. Michel De Cafmeyer) sont députés à Madrid pour y déployer leur talent devant le roi d'Espagne.
Toutefois, des jours malheureux sont proches. Les ruines désastreuses causées par la guerre de Trente-Ans (1618-1648) et par celles de Louis XIV, accablent le Trésor au point de faire obstacle aux dépenses les plus nécessaires. Il faut réduire, puis supprimer les frais affectés à la vénerie. On vend les chiens et on démeuble le château. En 1684, paraissant oubliée, la chapelle royale est dévastée et pillée comme l'a été le château un siècle avant (1584).
Au moment même où Boitsfort se trouve menacé d'un abandon complet, d'intelligents administrateurs s'efforcent de lutter contre les conséquences déplorables des ambitions étrangères. A partir de 1698, la Chambre des Comptes crée autour de Bruxelles un réseau de grandes routes, destinées à relier la capitale aux extrémités du pays : chaussée de Charleroi et de la Hulpe, routes de Namur, de Nivelles, de Binche. C'est un service inappréciable qui est rendu à Boitsfort, alors relié à la capitale par un seul chemin, la route gallo-romaine, semée de fondrières, tantôt boueuse, tantôt poussiéreuse à l'excès. En 1692, le roi Charles II (1665-1700) appelle au gouvernement de ses provinces belges son neveu Maximilien-Emmanuel (1692-1700), duc électeur de Bavière.
Arrivé en Belgique, le nouveau gouverneur décide de restaurer la résidence de Boitsfort. Les restaurations sont menées de front pendant les années de 1698 à 1700. La chapelle est maintenue dans l'enclos et provisoirement restaurée. Mais ce travail est sans doute imparfait, car en 1721 on doit la réédifier. Les plans de cette époque attestent que ce temple modeste ressemblait à la chapelle de Saint-Hubert, bâtie vers la même époque dans l'enclos du château de Tervuren.